Les stocks
stratégiques
Quand le cours du pétrole flambe, ou quand une pénurie énergétique menace, plusieurs États peuvent ainsi recourir à leurs réserves stratégiques de pétrole. Ces stocks stratégiques sont constitués pour faire face aux situations exceptionnelles pouvant représenter une menace sur les économies nationales.
Les réserves stratégiques de pétrole (RSP) peuvent être détenues par un État ou par des compagnies pétrolières privées contraintes, par l’État, de constituer ces stocks, comme en Italie par exemple.
Après le premier choc pétrolier de 1973, ces États, principalement des pays importateurs de pétrole, se sont coordonnés, en adhérant à l’Agence internationale de l’énergie (AIE) afin d'être moins dépendants des variations des cours du pétrole. En effet, ces cours fluctuent principalement au gré des décisions prises par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
La réserve stratégique de pétrole a été définie par l’AIE, précisant que l’engagement en matière de réserves d’urgence de chaque pays participant devait porter le niveau effectif de ses réserves d’urgence à 90 jours d’importations nettes.
31 pays adhérent à l’AIE : les États-Unis, ainsi que plusieurs États européens dont la France. Selon le dernier décompte du département américain de l'Énergie, la plus grosse RSP au monde est américaine avec 568 millions de barils en stock en mars 2022. Quant à la France, elle dispose de 18 millions de tonnes de pétrole gérées principalement par la SAGESS (Société anonyme de gestion des stocks de sécurité).
Historique des réserves stratégiques
de pétrole
Les réserves stratégiques ont été créées afin de répondre aux besoins énergétiques des armées. Dès le début du 20e siècle, les États-Unis et le Royaume-Uni ont considéré le pétrole comme une ressource stratégique . En France, la loi du 10 janvier 1925 vise à “sanctuariser un stock” pour le pays.
En 1956, la crise du Canal de Suez qui avait entraîné une baisse du flux pétrolier, signe la première alerte énergétique pour les pays consommateurs de Brent . Ensuite, le premier choc pétrolier de 1973 pousse les États dépendants du pétrole à se coordonner par l'intermédiaire de l’AIE pour constituer des réserves stratégiques.
Chaque État peut décider de recourir à sa RSP, ce qui est arrivé à plusieurs occasions. Le président George Bush a puisé dans le stock stratégique des États-Unis en 1991 durant la première guerre du Golfe. George W. Bush après le passage de l'ouragan Katrina, en 2005. Et le président Barack Obama durant la guerre civile en Libye, en 2011. Joe Biden y a eu recours en novembre 2021 pour tenter de faire baisser les cours du brut.
La France a quant à elle eu recours à son stock stratégique à plusieurs reprises. Dans la majorité des cas, l'objectif était de tenter de contrer l’envolée des prix des carburants à la pompe ou pour alimenter les stations-service menacées de pénurie. Elle a ainsi utilisé l’équivalent de 3 jours de réserve de pétrole sur les 115 jours disponibles en 2016, au plus fort de la contestation sociale contre la loi Travail qui avait amené un blocage important des raffineries françaises.
L’AIE peut également décider d’une action menée collectivement par ses membres afin qu'ils mobilisent une partie de leur RSP dans des circonstances exceptionnelles. Ce fut ainsi le cas le 1er mars 2022 quand, les 31 pays membres ont accepté de libérer 60 millions de barils de pétrole de leurs réserves d'urgence afin d'envoyer un message unifié et fort aux marchés pétroliers mondiaux, à savoir qu'il n'y aurait pas de pénurie d'approvisionnement à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Où se situent les stocks stratégiques de pétrole
aux États-Unis ?
Les RSP sont réparties différemment dans les différents Etats en possédant.
Aux États-Unis, la RSP est concentrée dans le Golfe du Mexique, répartie sur 4 sites tous à proximité d’un centre pétrochimique : Bryan Mound et Big Hill au Texas, West Hackberry et Bayou Choctaw en Louisiane.
Les États-Unis ont commencé à créer leurs stocks d’urgence de pétrole dans les années 70 et les ont stockés dans des cavernes de sel souterraines. Ce mode de stockage est le moyen le moins coûteux de stocker du pétrole pendant de longues périodes et l'utilisation de cavernes de sel profondes est également l'une des plus sûres sur le plan environnemental.
La RSP des États-Unis est regroupée dans trois réseaux géographiques de distribution par oléoducs sur la côte du Golfe du Méxique, et chacun de ces systèmes d'oléoducs a accès à un ou plusieurs grands centres de raffinage, à des oléoducs de pétrole brut interétatiques et à des terminaux maritimes pour la distribution du pétrole brut.
Les stocks stratégiques de pétrole
en France
Les réserves stratégiques en France existent depuis 1925, et sont devenues obligatoires en vertu d'engagements pris envers l’AIE dont la France fait partie depuis 1992 mais aussi envers l'Union européenne depuis 1968.
Une directive européenne de 2009 impose des stocks de pétrole brut et/ou de produits pétroliers à l'ensemble des États membres de l'Union. Ces stocks stratégiques doivent être équivalents à "la plus grande des quantités représentées soit par 90 jours d’importations journalières moyennes nettes, soit par soixante et un jours de consommation intérieure journalière moyenne", précise le texte.
En France, la RSP est répartie sur l’ensemble du territoire. On compte 98 sites pour le stockage stratégique de pétrole : 89 dépôts commerciaux, 8 raffineries et le site de Manosque. Ce dernier emplacement dans le sud-est est composé de 30 cavités salines en sous-sol et représente un double intérêt stratégique : il a une capacité de plus de 9 millions de mètres cubes de stockage d’hydrocarbures et est relié à plusieurs infrastructures importantes, des raffineries et usines pétrochimiques de la zone Fos/Lavéra au Grand Port Maritime de Marseille, mais également à plusieurs réseaux européens de pipelines.
Environ 18 millions de tonnes, soit 90 jours d'importation nette sont actuellement répartis sur le territoire pour pouvoir être disponible rapidement. Trois acteurs gèrent ces stocks, dont principalement la SAGESS, constituée des opérateurs pétroliers, qui gère les trois quarts des réserves. Elle dispose ainsi de 80 dépôts d’importation et dépôts de maillage (environ 38% des stocks), d'un site de stockage souterrain de la société Géosel près de Manosque (environ 42%) et de 8 raffineries pour y entreposer les réserves.
Uniquement les pouvoirs publics peuvent demander aux opérateurs de puiser dans les réserves. Ces stocks ne concernent que les usages civils des carburants. Les stocks destinés à garantir l’approvisionnement de l’armée sont gérés séparément, directement sous l’égide du ministère de la Défense.
04 décembre 2024 - 09h12
04 décembre 2024 - 09h10
des cours du baril de pétrole